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Lutter contre la traite des êtres humains et la prostitution : le PSP

Le 17 septembre 2024, l’Association Albert Peyriguère, en partenariat avec l’Amicale du Nid, participait à une conférence à Séméac pour sensibiliser à la traite des êtres humains (TEH) et à la prostitution, devant un public de 200 personnes. Cette présentation visait à comprendre les dynamiques derrière ces phénomènes et à présenter des solutions, notamment via la loi du 13 avril 2016 et le Parcours de Sortie de la Prostitution (PSP).

Comprendre la prostitution et la traite

Comprendre la prostitution et la traite, c’est une étape essentielle pour permettre de mettre en place des dispositifs d’accompagnement cohérents, justes et efficaces.

La prostitution est décrite comme une violence qui porte atteinte à la dignité humaine. Elle se caractérise par un échange d’actes sexuels contre une rémunération ou des avantages en nature. Ce phénomène touche majoritairement des femmes (85%), souvent très jeunes, avec un âge moyen d’entrée de 14 ans. La traite des êtres humains, quant à elle, implique l’exploitation, souvent sexuelle, des personnes vulnérables.

Les profils des clients et des proxénètes : déconstruire les clichés

Contrairement à certains stéréotypes, il n’existe pas de profil unique pour les clients ou les proxénètes. Les clients de la prostitution proviennent de toutes les catégories sociales, avec une majorité d’hommes mariés (60 %) ou en couple hétérosexuel, et 70 % étant pères de famille. Ce ne sont pas nécessairement des marginaux ou des personnes socialement isolées. Les clients recherchent souvent des corps jeunes, et beaucoup demandent des rapports non protégés, ce qui illustre une déshumanisation et une prise de risque évidentes.

Quant aux proxénètes, ils sont souvent issus de milieux variés, et ne sont pas toujours des figures mafieuses telles qu’on peut les imaginer. Ils peuvent être proches des victimes, parfois même des compagnons, et ils exercent une emprise émotionnelle et psychologique qui renforce l’exploitation. Loin des images caricaturales, ces acteurs du système prostitutionnel sont en réalité intégrés dans tous les pans de la société, ce qui rend le phénomène encore plus difficile à combattre.

Le rôle crucial des logements d'urgence et temporaires

Les logements d’urgence et temporaires jouent un rôle central dans le processus de sortie de la prostitution. Ils offrent un cadre sécurisé pour les victimes qui fuient une situation d’exploitation. Les personnes accompagnées par l’Association Albert Peyriguère bénéficient d’hébergements d’urgence (HU) ou de logements temporaires (ALT) qui leur permettent de se stabiliser et de commencer leur reconstruction. Ces logements ne sont pas seulement un toit : ils représentent un premier pas vers l’autonomie et la réinsertion sociale, loin de l’emprise du système prostitutionnel.

Accueil de personnes en situation de précarité à l'Association Albert Peyriguère.

La loi du 13 avril 2016 : un tournant décisif

La loi du 13 avril 2016 a marqué un tournant majeur dans la lutte contre la prostitution en France. Elle criminalise désormais l’achat d’actes sexuels, en responsabilisant les clients, tout en dépénalisant les personnes prostituées. Cette loi met en place des sanctions pour les clients, avec des amendes et des stages de sensibilisation obligatoires. En parallèle, elle renforce les dispositifs d’accompagnement, comme le Parcours de Sortie de la Prostitution (PSP), et favorise la réinsertion des victimes en leur offrant un accès à des droits sociaux et à une protection juridique.

Les actions mises en place

Le Parcours de Sortie de la Prostitution (PSP) est un dispositif clé. Il offre un accompagnement social et professionnel aux victimes, leur permettant de se réinsérer dans la société. En 2023, 845 personnes bénéficiaient de ce programme, dont 820 femmes. Ce parcours permet d’accéder à des aides financières, un suivi psychologique, des formations professionnelles, couplé aux dispositifs d’hébergements pour garantir la sécurité des victimes.

L’impact du parcours de sortie de la prostitution : santé, insertion professionnelle et sécurité

Sur le plan de la santé, les personnes sortant de la prostitution bénéficient d’un suivi médical, crucial pour traiter les traumatismes physiques et psychologiques, tels que le stress post-traumatique, les violences gynécologiques et les addictions.

L’accompagnement permet également une réinsertion professionnelle progressive : les victimes peuvent accéder à des formations et à des emplois, regagnant ainsi leur autonomie financière. Enfin, en matière de logement, les résultats sont impressionnants : 81 % des bénéficiaires accèdent à un logement social stable à la fin de leur parcours, un facteur clé pour garantir leur sécurité et éloigner définitivement les risques de retomber dans l’exploitation.

Les défis et les solutions

L’accompagnement de l’association vise à lever les barrières mises en place par le système prostitutionnel et à aider les victimes à reprendre le contrôle de leur vie, sur du court, moyen et long terme. Grâce à des partenariats avec les services de l’État et d’autres associations, l’Association Albert Peyriguère agit concrètement pour offrir une nouvelle chance à ces personnes.